INTELLIGENCE des ANIMAUX

Capacité cognitive

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       Table des matières
       Capacité conceptuelle des animaux et des hominidés - Intelligence
              Tableau - production d’outils des hominidés
              Fabrications et outils des animaux
              Fabrications qui nécessitent l’abstraction
              Perspicacité ou intelligence des animaux
              Fonctionnement de cette perspicacité, avec ou sans abstraction
              Agir, connaître, faire

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1          Capacité conceptuelle des animaux et des hominidés - Intelligence

 

Cette petite étude analyse les outils utilisés par les animaux et les hominidés et tente de déterminer la nécessité ou non d’une capacité conceptuelle pour la fabrication de tel ou tel outil particulier. Le résultat est que les hominidés semblent avoir besoin d’une capacité conceptuelle, et que les animaux actuels n’en ont pas besoin.

 

1.1.1       Tableau - production d’outils des hominidés

 

Tout d’abord voici un tableau orienté sur la production d’outils des hominidés.

 

 

Hominidé

Régime

Période approximative

d’existence

Fabrication d’outils

Australopithèque

 

7 MA jusqu’à 1,5 MA

Non

 

 

Habilis

 

 

 

 

omnivore

2,5 MA jusqu’à 1,5 MA

Oui

outils primitifs en pierre, galets aménagés

La morphologie de ses mains ne le rend pas plus apte à utiliser des outils que ses contemporains

Georgicus

 

 

 

 

Chasseur cueilleur

1,8 MA

Oui

galets dont une seule face a été aménagée pour former un tranchant (choppers)

 

 

Ergaster

 

 

 

 

Omnivore, et plus de viande

2 MA jusqu’à 1 MA

Oui

 

invente le biface symétrique

 

Erectus

 

 

 

 

cueillette et chasse

1,5 MA jusqu’à 200.000 ans

Oui et feu

 

 

 

fabrication de bifaces symétriques et d'hachereaux

Vers - 450 000 ans L'homme de Tautavel améliore encore la taille de ses outils en utilisant des percuteurs tendres (morceaux de bois ou de corne) permettant une plus grande précision

Néandertal

 

 

 

régime alimentaire à base de viande

Apparus entre 300.000 et 180.000 jusqu’à 30.000 ans

Oui et feu

Raréfaction des bifaces et généralisation de l'outillage fabriqué sur éclats (et parfois sur lames), racloirs, pointes... issus d'éclats de silex retravaillés.

 

Sapiens

Omnivore

Apparus entre 200.000 et 100.000 ans

Oui et feu

Constructeur d'outils de plus en plus perfectionnés

sagaies, cordages, filets de pêche…

 

 

 

1.1.2       Fabrications et outils des animaux

 

Des travaux montrent la variété d’utilisation des outils chez l’animal, pour prolonger la distance de préhension d’un objet (avec des bâtons…), ou pour saisir un objet difficilement préhensible (utilisation de feuilles pour contenir de l’eau), ou amplifier la force mécanique (cassage de noix avec des pierres…)[1].

 

Certains animaux peuvent utiliser comme outils des objets naturels, qu’ils prennent tels qu’ils sont sans les transformer. Par exemple le vautour percnoptère choisi et ramasse à proximité une pierre, pour la lancer sur un oeuf et le casser afin de le gober. En Nouvelle Calédonie, des corbeaux utilisent des brindilles avec leur bec pour déloger des grosses larves des troncs de bois en décomposition. Le pinson pic des galapagos utilise de même des brindilles ou des épines de cactus de 10 à 20 cm de long pour trouver des larves d’insectes dans des trous d’arbres[2]. Des chimpanzés utilisent des feuilles qui leur servent de pansement ou de papier hygiénique, ou des bâtons pour attraper un fruit inaccessible.

 

Mais des animaux fabriquent aussi des ouvrages assimilables à des outils. Ils fabriquent bien sûr des terriers, mais surtout aussi des pièges (toiles d’araignée, galeries souterraines des taupes[3],…) ou des ouvrages d’art (barrages fluviaux des castors, termitières et fourmilières, nids d’oiseaux ou d’abeilles,…).

 

Les chimpanzés enlèvent la partie tendre des feuilles, gardent la nervure et s’en servent comme outil pour attraper les fourmis par les trous de fourmilière — ou assemblent des bâtons en les emboîtant comme deux morceaux de cane à pêche[4]. Les chimpanzés fendent une noix de palme en la positionnant sur une pierre plate leur servant d’enclume, et frappent dessus avec une pierre marteau. Ils gardent sur place les pierres plusieurs années et l’usure des pierres rend plus facile la tache. Ils peuvent choisir une troisième pierre pour caler celle qui sert d’enclume. Ils savent choisir les pierres qui conviennent parmi un choix notable de pierres différentes. Ce savoir faire n’a été observé que chez un seul groupe de chimpanzé. Un jeune chimpanzé ne sait pas utiliser les pierres, il apprend en imitant les adultes, et fait des progrès a mesure qu’il a l’expérience[5]. Il faut garder à l’esprit, la transmission se faisant par imitation, que ce groupe de chimpanzé aurait pu initialement apprendre cette technique en observant l’homme ?

 

Certaines guèpes aussi savent utiliser les pierres. Les femelles des guèpes solitaires d’Amérique du Nord saisissent parfois dans leurs mandibules un petit caillou pour tasser la terre du terrier rebouché qu’elle ont creusé pour y déposer un œuf[6].

 

Il faut dire tout de suite que l’instinct fouisseur est présent chez des espèces très primitives, comme le lombric, ou certains coquillages par exemple, ce qui nous assure qu’une capacité d’abstraction n’est pas requise pour l’opération de creuser la terre. La capacité à creuser un terrier d’un mammifère,, trop proche de l’instinct fouisseur, ne peut donc pas être retenue comme indice d’une capacité d’abstraction.

 

La complexité des galeries de la taupe nous laisse cependant admiratif devant l’intelligence requise pour leur réalisation[7]. Tellement complexe même, qu’on ne peut guère penser que la taupe le fasse entièrement consciemment, mais qu’elle soit en partie mue par un instinct ? ou alors une disposition particulière leur confère une appréciation empirique de la chose ? Surtout que les jeunes taupes ne réussissent pas bien au début à creuser bien à l’horizontale sous la surface, s’il y avait instinct tout serait parfait du premier coup, mais s’il y a apprentissage c’est comme si un outil ou une capacité était à maîtriser. Et si une capacité spéciale est donnée à la taupe, on ne peut plus expliquer ses réalisations par de l’intelligence. On ne dit pas de la chauve souris qu’elle est intelligente car elle évite dans le noir tous pièges posés, on sait qu’elle dispose d’un radar. Sans doute la taupe dispose, dans une certaine proportion, à la fois de l’instinct, de capacités particulières, et d’une certaine « intelligence » ?

 

De même le cas des araignées, on note comme la taupe une totale adéquation morphologique à l’ouvrage qu’elles produisent, elles sont naturellement spécialisées, tellement spécialisée que l’espèce de l’araignée est reconnaissable à sa toile[8]. L’abeille, en fonction de l’apparition ou la disparition de glandes appropriées, est successivement nourrice, bâtisseuse puis butineuse[9].

 

1.1.3       Fabrications qui nécessitent l’abstraction

 

Au contraire, selon l’idée commune, cela semble justement une caractéristique de la conception de tendre vers une certaine indétermination qui permette de s’échapper, dans une certaine mesure, de la nature de la chose pour la transformer selon l’idée (en général l’idée est déterminée par l’objet de l’appétit). On remarque dans l’évolution des hominidés de plus en plus d’ouvrages différenciés, on passe du biface aux bifaces spécialisés, puis à l’arme de jet et au filet de pêche ; donc une capacité d’amélioration des outils, c’est à dire d’un affranchissement graduel des quelques tâches spécialisées imposées par une constitution physiologique de nature ; déterminations de nature moins visibles chez les hominidés que chez la taupe ou le castor.

 

Il semble que grâce à cette faculté de conception, le matériau trouvé dans la nature ne soit plus utilisé tel que, mais il peut être transformé. La conception verrait en puissance dans une matière, une forme autre que l’apparence actuelle, une forme autre que l’objet naturel.

Que penser alors en ce sens des premiers outils des hominidés, correspondants à la période de l’homo habilis ? Ce sont des galets naturels aménagés par la taille, et leur « schéma de débitage est relativement élaboré et montre la répétition d'un schéma opératoire déjà précis[10] ». Et que le castor imagine de découper le bois en morceaux afin qu’il soit transportable est déjà une certaine transformation d’un élément naturel. Si jamais la taille du galet nécessite l’abstraction, il faut alors se demander qu’elle est la différence entre la découpe du bois par le castor pour le rendre transportable et la taille du galet par l’homo habilis  pour le rendre tranchant ?

 

Peut-on parler de conception dans ces exemples ? On peut arguer comme précédemment que la dent du castor est une spécialisation morphologique, ses dents sont son outil, il ne peut que couper du bois, il serait alors principalement déterminé par un instinct adéquat en accord avec sa détermination morphologique. Considérant à nouveau le galet, on peut arguer que la main n’est pas vraiment à considérer comme un outil morphologique déterminé, mais comme un instrument généraliste utilisant des instruments spécialisés, il faudrait alors autre chose qu’un instinct déterminé pour utiliser une main puisque son utilisation contient une sorte d’indétermination. Mais d’un autre coté les premiers outils, les galets aménagés, ont perduré aussi longtemps que leurs fabricants, soit 1 million d ‘années, et sans évolution de leur facture. On est en droit de se dire que l’homo habilis est lui même spécialisé comme la taupe ou le castor, car on ne lui a pas découvert d’autres outils, et qu’il reproduit le même outil indéfiniment.

 

Pour expliquer la fabrication d’outils par l’homo habilis il faut remarquer que certaines pierres taillées ne présentent pas une facture très rigoureuse et que le tranchant soit un peu présent sans être distingué vraiment du reste de la pierre. Dans un même élan, l’homo habilis untel aurait été témoin de la cassure naturelle d’une pierre et aurait constaté l’adéquation de la pierre cassée comme moyen pour satisfaire son appétit actuel, ce que sait faire un chimpanzé ; puis plus tard le même appétit revenu, il aurait imité l’opération naturelle de casser la pierre pour le satisfaire à nouveau, ce que sait aussi faire un chimpanzé. Ainsi pour des outils très frustes, on ne peut pas dire avec certitude si le fabriquant avait ou non une capacité d’abstraction. Il est difficile de parler de « conception » pour les premiers outils que sont les pierres aménagées de l’homo habilis. En effet elles ressemblent encore trop à des pierres naturelles.

 

3 galets aménagés comtemporains de homo habilis

Période du oldowayen (-2,7 à1,3 millions d’années)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_habilis

                                                                                                                    

Mais ce qu’il faut remarquer est que les galets plus élaborés possédant un tranchant plus marqué allient les propriétés de deux objets naturels, qui sont le confort d’un galet rond pour le tenir en main, avec le tranchant de pierres éclatées naturellement. L’outil fabriqué n’est finalement plus aucun de ces objets naturels qui ont servi de modèle.

Galet aménagé comtemporain de homo ergaster, habilis…

Période du oldowayen (-2,7 à -1,3 millions d’années)

http://www.hominides.com/html/prehistoire/oldowayen.php

 

C’est la différence fondamentale avec le rondin découpé par le castor qui reste un morceau de bois semblant naturel, qu’il soit ou non découpé. Un morceau de la branche a les mêmes qualités, par exemple « dimension » ou « poids », que la branche elle même. Dans l’imagination, l’image de la branche est la même que la branche réelle. Pour la découper, le castor ne fait finalement que varier dans son imagination la « dimension ». Dans l’imagination, l’image de la branche est confondue avec sa dimension ; en effet, en quantité, le poids varie proportionnellement avec la dimension de la branche, c’est la dimension de matière qui dessine l’image de l’imagination.

Dans l’imagination, ces qualités « dimension » ou « poids » font un avec l’image connue du morceau de bois. Et ainsi, dans l’imagination, avant la découpe et  après, la branche garde les mêmes qualités « dimension » et « poids ». En effet, pour découper la branche à la bonne taille, l’opération du castor est de modifier mentalement une quantité et non pas une qualité. Il n’y a pas apport d’une qualité nouvelle à la branche découpée. A envisager de découper la branche correspond donc simplement l’opération mentale préalable du castor de diviser quantitativement l’image de cette branche, ce qui divise en même temps en quantité, le poids et la dimension. Pour arriver à ses fins le castor n’utilise vraisemblablement que son imagination. La division d’images est bien une opération du ressort de l’imagination car, qu’un objet naturel en cache un autre est équivalent, du point de vue de son image, à ce qu’il le divise ; donc cacher étant un mouvement naturel, diviser est une opération implicite de l’imagination. Par exemple, en marchant dans une forêt parsemée de rocher, une branche d’arbre que vous regardez peut apparaître petit à petit, devenant de moins en moins cachée par un rocher. L’imagination gère comme des « photos » dans la mémoire. Elle connaît donc la branche entière, comme la branche en partie. Le castor, grâce à sa mémoire et à son expérience, peut donc imaginer une partie de branche à partir d’une branche entière.

 

Le galet rond, lui, n’a pas son image confondue avec la qualité « tranchant » mais au contraire avec la qualité « contondant », et diviser simplement l’image du galet rond ne suffit pas pour obtenir l’objet « tranchant » recherché. Si l’hominidé suit la méthode du castor, il peut casser en deux le galet, mais cela ne suffit pas à lui donner la qualité « tranchante ».

 

« diviser simplement l’image du galet »

 

Pour transformer le galet, il faut en plus y trouver une potentialité à devenir « tranchant », c’est à dire lui prêter les qualités d’un autre objet naturel que l’expérience et la mémoire auront indiqué, une certaine pierre naturellement éclatée et tranchante. Cette opération nécessite d’abstraire mentalement cette qualité « tranchant » de la pierre éclatée, et de la considérer mentalement en elle même avant, afin de pouvoir l’appliquer au galet. Contrairement à la découpe de la branche, l’opération de rendre tranchant un galet rond apporte une qualité nouvelle au galet.

 

Nouvelle qualité tranchante d’un galet contondant

 

L’abstraction c’est ériger mentalement en objet de l’imagination une particularité propre à un autre objet de l’imagination. L’imagination possedait 2 images naturelles, le galet rond et une pierre tranchante. Après abstraction l’imagination possède 3 images, les 2 galets et en plus la qualité tranchante. Cette qualité n’est plus implicite dans l’image naturelle de la pierre tranchante, mais explicite. Fabriquer un outil aussi simple qu’un galet à tranchant nécessite bien l’abstraction. L’hominidé qui possède cette abstraction « tranchant », pourra appliqué cette qualité à d’autres matériaux que la pierre, au métal par exemple car on ne voit pas dans la nature de métal naturellement tranchant.

 

La faculté d’abstraction produit des concepts qui ne sont pas des images d’objets naturels, mais des qualités des objets naturels.

 

Des hominidés ont-ils une capacité d’abstraction ? Tout dépend aussi si l’opération est inhabituelle ou répétitive. Si l’hominidé taille un galet avec deux tranchants pour la première fois « au monde » et par lui-même, il est indéniable qu’il possède une capacité d’abstraction. Mais si l’hominidé, ses pères et ses fils taillent toujours de la même manière un galet pendant des millénaires ?

Au contraire alors, se pourrait-il qu’une pierre a double tranchant soit taillée par instinct inné ? C'est-à-dire que les gestes de l’opération seraient connus, sans besoin préalable d’avoir abstrait la qualité « tranchant » ? Les hominidés ne feraient alors pas preuve d’une capacité d’abstraction pour executer la taille ?

 

Les tâches accomplies grâce à une détermination morphologique de nature pourraient relever entièrement de l’instinct sans besoin d’abstraction. On le pense car il faut bien une cohérence dans la nature de l’animal, entre sa conformation physique et son comportement. On le voit chez un insecte comme l’araignée qui n’est pas « éduquée » dans sa jeunesse par une araignée adulte. Elle possède par nature de quoi fabriquer une toile qui détermine sa manière de se nourrir, et qu’elle utilise très bien seule pour attraper ses proies. Cette détermination morphologique, avec surtout un non apprentissage associé à la répétitivité sans faille de la même toile par les individus de la même espèce, fait pencher pour un pur comportement instinctif ?

 

Mais le cas suivant montre une opération non déterminée morphologiquement : est-ce seulement de l’instinc ? Que l’abeille lime patiemment, plusieurs générations durant, l’ouverture métallique de la ruche pour l’amener à la dimension souhaitée[11] montre plutôt la connaissance (peut-être instinctive ?) — la bonne dimension de l’ouverture pour le traffic d’un groupe d’abeille — et une adaptation des moyens employés pour arriver à cette fin. En effet l’ouverture permettait facilement le passage d’une abeille, mais elle n’était pas adaptée au traffic de la ruche. De même, le sphinx tête de mort est friand de miel. Il détecte les ruches et pénètre à l'intérieur par le trou d'envol pour vider des alvéoles de miel. Lorsque les abeilles redoutent ses visites, elles rétrécissent l’ouverture de leur ruche, et l’agrandisse de nouveau, quand l’époque où vole ce Sphinx est passée[12]. De même l’abeille qui fait des travaux inhabituels comme enlever ou déplacer une aiguille insérée dans une alvéole[13]. Dans ces deux exemples, l’abeille fait face à des cas inhabituels. Elle montre qu’elle connaît (peut-être instinctivement ?) ce que doit être une ruche en bon état de fonctionnement. Mais ne faut-il pas pour l’adaptation des moyens inhabituels employés par l’abeille, une certaine cogitation qui dépasse l’instinct, même si la finalité serait connue instinctivement ? Elle a bien une cogitation, mais ces travaux ne nécessitent pas l’abstraction.

 

L’abeille limant patiemment l’ouverture métallique de la ruche montre la connaissance peut-être instinctive d’une finalité, la dimension adéquate, avec en plus une certaine liberté d’action dans les moyens de limer ou d’obstruer, actions qui ne semblent pas instinctives, vu qu’elles sont inhabituelles[14].

 

De même les oiseaux savent bien faire des nids relativement compliqués de manière instinctive. Mais leurs fabrications sont des assemblages d’éléments naturels, transformés éventuellement, mais uniquement selon les capacités imaginatives ; pas ici de besoin d’abstraction non plus.

 

Revenons un instant sur l’exemple ci-dessus des chimpanzés qui enlèvent la partie tendre des feuilles et gardent la nervure comme outil pour attraper les fourmis. Les chimpanzés mangent habituellement des feuilles, et en fait, la partie tendre des feuilles est par rapport à la nervure, comme la chair du fruit est par rapport au noyau, et on ne dit pas que le noyau est fabriqué par les chimpanzés. La nervure est utilisée comme outil dans un deuxième temps, après s’être trouvée disponible comme sous produit de la consommation de feuilles, en ce sens elle est devenue un objet naturel non fabriqué ; la partie tendre n’a pas été primitivement intentionnellement enlevée pour faire un outil de la nervure, elle est utilisée comme pourrait l’être le noyau. Le fait que des chimpanzés sachent choisir des pierres plates pour casser des noyaux n’implique pas que la qualité « plate » soit abstraite de la pierre, la pierre et sa qualité peuvent n’être qu’une seule et même chose prise globalement, un seul objet mental de l’imagination. Si on tente de comparer l’hominidé du paléolithique archaïque au chimpanzé actuel pour des activités comparables, on remarque que le chimpanzé n’utilise pas par instinct un bâton pour attraper un fruit, ni deux pierres plates en marteau et en enclume pour fendre des noix de palme. En effet, ces actions sont exceptionnelles à certains chimpanzés ou groupes de chimpanzés. Même s’il est possible qu’il agisse ici par imitation, le chimpanzé y fait bien preuve de cogitation. Ces exemples montrent chez les chimpanzés les signes évidents d’une intelligence, mais aucun signes d’une faculté d’abstraction.

 

Alors par comparaison au chimpanzé, même si une part du procédé pourrait être instinctive, on peut difficilement penser que l’hominidé agisse seulement instinctivement dans ses actions, il y était certainement aussi perspicace. Mais si l’hominidé, ses pères et ses fils taillent toujours de la même manière un galet pendant des millénaires ? Une pierre à double tranchant pourrait-elle être quand même taillée seulement par instinct inné ?

 

Un problème est que l’on ne sait pas si seulement certains groupes d’hominidés d’une même espèce savaient tailler la pierre. Dans ce cas on conclurait à une action non instinctive.

 

Le cas intéressant suivant, chez l’homme d’aujourd’hui, montre une connaissance instinctive, qui influe inconsciemment sur le déroulement d’une action par ailleurs voulue, mais pas vraiment libre donc car guidée aussi inconsciemment. Ce cas montre aussi qu’une connaissance cachée est transmise à la génération suivante, par hérédité génétique ou un autre moyen inconnu. Une mère sait et cache totalement à son fils que son père à elle, détenu de droit commun, fut condamné aux travaux forcés à casser des cailloux, et mourut exécuté dans une chambre à gaz. Le fils adulte, qui n’a jamais entendu parler de cette vie de son grand-père, est terriblement mal dans sa peau. Géologue amateur, il collectionne les cailloux qu’il ramasse et fini par casser sans raison apparente (mais comme son grand-père), et collectionne aussi les papillons qu’il attrape et achève dans un bocal de cyanure[15]. On remarque nettement, surtout dans le fait saugrenu de casser les cailloux, que la manière est empruntée inconsciemment à une image innée, celle des actions du grand-père. Cette connaissance est innée car le fils n’a pas explicitement appris l’histoire de son grand-père.

 

Selon cet exemple humain, on pourrait croire aussi alors que la forme du galet à faces tranchantes, et le mouvement des mains de l’hominidé, soient de même empruntés à une image et un habitus cachés. L’homme répétait les gestes du grand-père de casser les cailloux sans raison apparente. Si oui, ce serait peut-être une indication que l’hominidé puisse tailler des galets sans capacité d’abstraction, donc que la connaissance du procédé soit inconsciemment héréditaire. Nous donnons cet exemple, car les cas sont comparables mais seulement jusqu’à un certain point. En effet le grand-père bagnard était, par sa fille pendant sa grossesse, sujet d’un interdit dont il y eut des conséquences psychologiques anormales chez le fils. D’autre part l’hominidé ne se contente pas de casser les cailloux comme le petit-fils et le grand-père de l’histoire, il les taille avec un tranchant. Mais cela n’empêche pas que qu’une taille précise avec un tranchant serait possible inconsciemment, comme on voit de certaines guèpes qui piquent leurs proies avec une très grande précision instinctive afin de les paralyser pour y pondre leurs oeufs.

 

Si l’hominidé, ses pères et ses fils taillent toujours de la même manière un galet pendant des millénaires… il est alors possible que cette opération soit instinctive même dans le cas où l’opération requiert une abstraction implicite. En effet une opération de taille consistant à appliquer la qualité « tranchante » à un galet contondant, si elle n’est pas instinctive, nécessite bien la capacité d’abstraction de la part de l’opérateur. Mais la même opération de taille semble pouvoir être instinctive, ce dernier n’a alors pas besoin de la capacité d’abstraction. Dans la taille instinctive, l’abstraction est implicitement précontenue dans « l’instinct » et non dans l’imagination de l’individu.

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1.1.4       Perspicacité ou intelligence des animaux

 

L’araignée a-t-elle une vue globale de sa toile avant d’en commencer la fabrication, ainsi que la pleine conscience de son utilité ? Ou bien procède-t-elle instinctivement et n’a-t-elle que la vue de l’action rapprochée, imminente, qu’elle accomplit, mue alors vers l’accomplissement de sa toile par une connaissance dont elle n’est pas responsable ? C'est-à-dire par pur instinct. Peut-être des expériences scientifiques ont-elle pu répondre à cette question ? Les fourmis, en fonction des espèces, construisent des ouvrages avec piliers, cloisons et plafonds, selon un plan qui est connu d’avance ; ou élèvent du bétail, cultivent des champignons, font des ponts flottants pour passer les ruisseaux, asservissent d’autres espèces d’insectes dont certaines sont en taille pour elles comme des éléphants par rapport à nous, transportent à plusieurs des charges avec une coordination entre elles…[16] Cela fait poser vraiment la question de ce qu’est cette « intelligence » des insectes ? Nous avions un peu relativisé cette « intelligence » en montrant qu‘elle existe, dans une proportion difficile à déterminer, sur fond d’instinct automatique et de capacités innées particulières liées à une morphologie adaptée. Mais aussi que l’abeille limant patiemment l’ouverture métallique de la ruche montre plutôt la connaissance instinctive d’une finalité avec une certaine liberté d’action dans les moyens, et non pas un enchaînement automatique des actions.

                        

 

Dans un autre domaine, les thèmes de chants des oiseaux ne sont pas totalement innés, mais en partie appris[17]. A les écouter, on peut facilement se rendre compte aussi que les merles font preuve de fantaisie et que leurs chants de printemps ne sont pas trop stéréotypés dans une certaine mesure ; toutefois le chant d’un merle reste facilement reconnaissable.

 

Ce qui force aussi notre admiration pour les animaux est sans doute les trésors de perspicacité, des fauves et des chimpanzés par exemple, déployés pour leurs stratégies de chasse. Les lionnes par exemple sont très adaptables, et suivant le terrain et la densité de population des proies, chassent de nuit ou de jour, à l’affût ou à la course, même en creusant pour sortir un phacochère de son terrier. Elles sont capables de diriger le trajet de la fuite d’une proie plus rapide qu’elles à la course et à l’endurance, et de se placer en avance à plusieurs sur ce trajet de manière à prendre le relais l’une de l’autre, avec assez de précision pour que la lionne la plus expérimentée dans l’acte final de tuer, soit la dernière placée, là où la proie sera assez fatiguée pour la rejoindre. Une fois le dispositif en place une lionne se découvre et fait fuir la proie en la rabattant sur le piège. On voit bien que toute la perspicacité de l’animal est au service d’une finalité qu’il se donne et qui est de tuer l’animal à l’endroit prévu par lui. En plus d’un discernement de l’état actuel des choses, les lionnes montrent une faculté d’anticipation certaine, car leur tâche n’est pas immuablement la même comme celle de l’araignée tissant sa toile, ou de l’abeille confectionnant ses alvéoles de cire. Elles sont capables de déterminer une finalité intermédiaire d’un certain ordre, liée à la chasse et au besoin de se nourrir qui est pour elles le véritable objectif.

 

Les loups et coyotes emploient aussi la méthode du relais pour chasser, les renards sont aussi capables de tendre des embuscades. En fait de perspicacité animale citons encore le castor du Canada qui construit canaux et digues pour amener par flottage du bois abattu, même sur des terrains présentant une déclivité, « il s’agit d’un canal qui, traversant trois exhaussement successifs du sol, se trouve partagé par trois digues, une à chaque exhaussement, en sections s’étageant d’un pied au dessus l’une de l’autre, de façon que la première section soit alimentée par l’eau de l’étang, et les trois autres par l’eau qui provient des terres élevées et que rassemblent les digues qui vont en s’allongeant. C’est là l’application du système d’écluses employé par l’homme dans les canaux de nos régions[18]. ». Ces constructions dénotent à la fois une grande perspicacité et une capacité de bâtir en commun, donc peut-être une faculté à se communiquer entre eux la finalité poursuivie. Quand l’eau gèle en surface, les castors peuvent percer leurs barrages pour faire baisser le niveau d’eau. Ceci dans le but de pouvoir nager à l’air libre sous la glace. Selon l’éthologue Donald Griffin, le castor est capable d’un « comportement versatile », parfois innovant et non pas automatique. »

Donc les lionnes, dont nous avons montré une faculté d’anticipation certaine, ont la connaissance de finalités ; mais elles n’ont pas de faculté d’abstraction, ce qui se déduit du fait qu’elles n’aient pas d’organes préhensibles pour transformer la matière. « L’évolution » ne leur aurait pas donné de capacité conceptuelle sans la possibilité corporelle de s’en servir, et ce sont les mains le prolongement matériel de la possibilité de conception. La « main » est nécessaire car justement la chose conceptualisée à fabriquer n’existe pas à l’état naturel dans la nature.

Les lionnes ayant donc la connaissance de finalités, et ne disposant pas de faculté d’abstraction, c’est donc une autre faculté que l’abstraction qui détermine une finalité. Il semble alors que ce soit l’imagination ou une faculté en lien avec elle.

 

Il n’y a pas de raison que l’hominidé archaïque ait des capacités inférieures à l’animal. Au contraire, vraisemblablement inférieur aux grands félins en dotations naturelles de défense (dents, griffes), en force et en vitesse, il devait compenser par une stratégie de chasse au moins aussi élaborée, opérée en groupes comme les chimpanzés, ainsi que par la fabrication des armes qui lui manquaient.

 

En bref, il est clair et bien connu aujourd’hui que les animaux font preuve de perspicacité.

 

1.1.5       Fonctionnement de cette perspicacité, avec ou sans abstraction

 

A partir de sa connaissance, l’hominidé et l’animal en général est capable d’inférer une stratégie, sorte de finalité secondaire qu’il élabore comme comment tuer telle proie par exemple, ceci pour répondre à des besoins qui sont des finalités plus générales, comme se nourrir. Comme nous l’avons vu, ces finalités plus générales peuvent rester inconscientes et sont des déterminations qui résultent d’appétits, d’instinct ou automatisme acquis.

 

Cette faculté d’inférence, ou cogitative[20], se sert de l’imagination et voit ce que deviennent les réalités représentées par les images, au sens de toutes représentations issues des sens (objets immanents), sans que l’image perde sa qualité de représentation d’un objet naturel. Par exemple l’imagination de la lionne voit ce qu’est l’antilope actuellement et la cogitative, avec l’imagination, anticipe ce que sera l’antilope en matière de mouvement, réaction, position future... Mais l’antilope est toujours la même antilope et son image de même.

L’imagination est une puissance qui gère des images naturelles. Elle les compose, les divise, les multiplie. La cogitative avec l’imagination seule, voit ce que sont et peuvent devenir les choses naturelles prises comme un tout. Avec l’imagination seule, un caillou reste un caillou, mais la cogitative réfléchi à quoi il peut servir. C’est la cogitative qui est perspicace. Avec le support de l’imagination, en utilisant la sensation, et aussi la reminiscence des images, la cogitative infère un but, une finalité intermédiaire. Alors certains animaux peuvent utiliser comme outils des objets naturels, qu’ils prennent tel qu’ils sont sans les transformer. Ainsi le vautour percnoptère choisi et ramasse à proximité une pierre, pour la lancer sur un oeuf et le casser afin de le gober. Avec l’inférence seule, il n’y a pas apport d’une qualité nouvelle à l’objet naturel de l’imagination, mais seulement une utilisation nouvelle. De même concernant les nids d’oiseaux ou le barrage du castor.

 

Nous avons vu que certains hominidés ont en plus l’abstraction, faculté au service de l’imagination et de la cogitative. L’abstraction fourni des images abstraites, des concepts comme la qualité « tranchante » de la pierre, qui sont utilisés par l’imagination et la cogitative. L’abstraction décompose à partir d’une image naturelle. Et c’est toujours la cogitative cette capacité d’inférence à partir des images naturelle et des images abstraites (concepts), qui peut alors voir le galet transformé en pierre taillée. C’est la cogitative qui est perspicace avec le support de l’imagination, en utilisant la sensation, l’outil d’abstraction, et aussi la reminiscence des images.

Ainsi, grâce à cette faculté d’abstraction, la cogitative peut concevoir, le matériau trouvé dans la nature ne sera plus nécessairement utilisé tel que, mais il peut être transformé. La conception, soit l’inférence (cogitative) avec l’abstraction et l’imagination verrait en puissance dans une matière, une forme autre que l’apparence actuelle. L’inférence avec en surplus l’abstraction, permet l’apport d’une qualité nouvelle à l’objet naturel de l’imagination. La main permet alors la transformation de l’objet pour lui conférer matériellement cette qualité. La faculté d’abstraction détermine des qualités de différents éléments naturels, qualités mémorisées comme objets immanents, permettant à la cogitation de façonner un élément artificiel qui possédera certaines qualités recherchée en fonction d’une finalité poursuivie, finalité déterminée par l’inférence.

 

Comme exemple, on peut dire que fabriquer un mur en taillant artificiellement les pierres pour qu’elles s’emboîtent les unes dans les autres nécessite l’abstraction. Car il faut abstraire la forme d’une pierre pour tailler la forme complémentaire de la pierre contiguë. Mais faire un mur en assemblant les pierres naturelle sans tirer parti de leur formes naturelles ne nécessite pas l’abstraction, mais ainsi on empile sans ajustement possible. C’est ainsi que sont bâtis les ouvrages d’insectes, ils utilisent les matérieux en collant des boulettes de terre, de cire... même si la forme achevée est parfois géométrique comme les alvéoles de cire des abeilles. Les fourmillières et termitières sont des empilements de matériaux naturels. Les oiseaux font leurs nids en entremêlant les fibres naturelles. L’intérêt de cet exemple du mur est de faire apparaître que l’idée de la finalité du mur qui motive sa construction, au delà de la finalité d’assembler deux pierres, est bien indépendant de la capacité d’abstraction. Et que la faculté d’abstraction ne semble pas apporter à l’hominidé un avantage du point de vue de la perspicacité ou du discernement. L’abstraction semble un outil supplémentaire, une faculté au service de la cogitation.

 

En résumé, si ce n’est pas par instinct, comment l’hominidé s’y prendrait-il pour inventer le galet taillé ? A partir de l’imagination, l’abstraction extrait automatiquement d’une image d’un objet naturel les qualités de cet objet, isole ses qualités en des objets en soi de l’imagination. Par exemple l’abstraction voit que la partie pointue de cette pierre est tranchante. Elle distingue l’objet-image de ses propriétés ; c’est à dire qu’elle fabrique l’image de chaque qualité.

 

Au contraire un animal sans l’abstraction utilise les propriétés des objets mais confond l’objet et sa propriété en un tout avec prédominance de l’objet sur sa propriété, car l’image sans être abstraite est associée directement à l’objet réel et indirectement à ses propriétés qui restent comme cachées derrière l’objet-image. Par exemple un vautour percnoptère choisira une pierre pour casser l’œuf mais prendra la première pierre venue même si elle est trop petite, il faudra qu’il s’y reprenne plusieurs fois en essayant avec d’autre pierres jusqu’à ce qu’il réussisse un peu par hasard à casser l’œuf[21]. Il voit l’objet pierre, il en détermine l’utilité par l’inférence, mais sans l’abstraction toutes les pierres semblent se valoir, il recherche une pierre et non les qualités poids ou pointue qu’il devrait chercher dans la pierre pour plus d’efficacité. Il a l’expérience que la pierre est efficace, mais ne sait pas quelle qualité de la pierre la rend efficace. De même les singes capucins : « Au laboratoire, les signes capucins se montrent également performant dans l’emploi de bâtons pour dégager de la nourriture déposée au centre d’un tube horizontal transparent. […] Toutefois ses stratégies ne sont pas réalisées de la façon la plus économique. Ainsi, par exemple, ils négligent un bâton de la bonne taille au profit d’autres bâtons trop courts ou trop épais,… [22]».

 

Avec l’abstraction, la cogitative transforme les objets de l’imagination, dont des images abstraites, extraites de plusieurs objets naturels, en un objet nouveau. L’abstraction est source passive de la transformation en ce qu’elle produit automatiquement les images « qualité des objets », et la cogitation novatrice est la source dynamique de la finalité recherchée. La combinaison de qualités (concepts) et d’images, en fonction d’une finalité, permet obtenir un objet tranchant. La finalité serait que l’outil coupe et soit confortable pour la main. La cogitative voit le nouvel objet, et ne le trouvant pas dans la nature, elle doit donc transformer un objet naturel selon l’image du nouvel objet (d’où le besoin des mains).

 

N’oublions pas que chez l’animal, la cogitative, avec l’inférence qui détermine les moyens d’action, n’est pas le moteur premier de l’action. Ce moteur premier est le plus souvent l’appétit, parfois la curiosité. La cogitative donnera les modalités particulières de l’agir dans le contexte de mouvement donné par l’appétit.

L’appétit naît de la conjonction d’un manque corporel et de la connaissance par l’animal de l’objet du manque. Dans le cas de l’appétit sensible, le manque est l’expression d’un besoin du corps, le manque d’eau par exemple est une souffrance, et la connaissance que l’eau puisse apaiser cette souffrance donne soif d’elle. En effet, chacun peut par exemple faire l’expérience que la souffrance de la faim reste diffuse, pas vraiment explicite, jusqu’à la respiration d’une bonne odeur de nourriture qui a pour effet de rendre explicite la faim. Or l’appétit est moteur de l’action qui consiste alors à s’approprier la nourriture nécessitée, l’inférence en donnera les modalités particulières dans le contexte.

 

1.1.6       Agir, connaître, faire

En remarque de fin, notons que l’animal, avec sa cogitative et son imagination, dispose de la connaissance, dispose de l’agir comme possibilité de comportement, et dispose d’un certain savoir faire matériel mais semble-t-il toujours déterminé morphologiquement. L’apparition chez l’hominidé de l’abstraction est un tournant important car elle permet d’améliorer très considérablement la possibilité de connaissance des choses, et aussi le faire, la transformation du milieu matériel. En effet l’abstraction et la cogitation semblent respectivement la première plutôt dédiée à la connaissance des choses telles qu’elles sont, et la seconde à la détermination des choses ou des actions telles qu’elles ne sont pas encore matérialisées.

L’abstraction ensemble avec la cogitation permet le faire d’objets artificiels. La cogitation seule permet l’agir, mais l’abstraction renforce la cogitation dans ce domaine en permettent une modification matérielle du milieu naturel.

L’abstraction permet une connaissance plus approfondie des choses existantes par l’analyse, mais la cogitation renforce l’abstraction dans ce domaine ; sans doute même la cogitation est toujours le moteur de l’abstraction.

  

 

Auteur : Arnaud Barbey blog.arnaud-barbey.fr



[1] Jacques Vauclair, L’Intelligence animale, page 42, Editions du Seuil 1995.

[2] Jacques Vauclair, L’Intelligence animale, page 35, Editions du Seuil 1995.

[3] Pour manger, la taupe parcours ses galeries souterraines qui sont en fait des pièges à insectes et vers ; ces derniers s’y retrouvent à découvert pour la taupe qui les attrape ainsi.

[4] Cette dernière observation est de l’Allemand Wolfgang Köhler (1887 - 1967).

[5] Source chaîne télévisée Animaux, émission sur  « Outils - intelligence des chimpanzés », samedi 11 juin 2005 à 20h35. et aussi le Nouvel Observateur 4-10 jan 2007 précise le nom des scientifiques « les suisses Christophe et Hedwige Boesch observent que dans la forêt de Taï, en Côte d’Ivoire, les chimpanzés… grosses noix de panda »

[6] Jacques Vauclair, L’Intelligence animale, page 35, Editions du Seuil 1995.

[7] La taupe est confrontée à des problèmes complexes pour creuser ses galeries souterraines, qui lui assurent abri et sécurité et sont des pièges à vers et à insectes. Comment les creuser à une profondeur à peu près constante ? Comment y assurer une circulation d’air de 24 cm/seconde malgré la canicule, et un air étouffant et immobile au dessus du sol ? Pour garantir la moindre fatigue, donc la meilleure rentabilité du travail d’excavation, à quelle fréquence creuser les tunnels verticaux d’évacuation des déblais, en fonction de la profondeur de la galerie ? Toutes choses qu’elle fini par maitriser. La Hulotte N°68 & 69, 2ème édition 2002, éditions Passerage, 08240 Boult aux Bois.

[8] Par exemple les toiles de la famille des Orbitèles (comme l’Epeire marbrée) sont géométriques et non irrégulières, varient entre espèces selon la taille, la nature du fil, le nombre de rayons, la saison de présence dans l’année, le stabilimentum, la configuration du centre… La Hulotte N° 73 et 74, 1ères éditions 1996 et 1997, éditions Passerage.

[9] Robert Tocquet, Meilleurs que les hommes, page 76, 1970, éditions J’ai lu.

[10] Page ma.prehistoire.free.fr/euroculture.htm, mars 2005

[11] Robert Tocquet, Meilleurs que les hommes, page 92, 1970, éditions J’ai lu.

[12]  Source Edmond Perrier (normale sup), Anatomie et physiologie animale, Hachette 1886, p 213.

[13] Robert Tocquet, Meilleurs que les hommes, page 100, 1970, éditions J’ai lu.

[14] Le cerveau humain procède de manière analogue en analysant une finalité et des moyens d’y parvenir. On voit qu’une étude montre deux régions dans le cerveau humain, un pour les « biens » que nous appelerons ici la « finalité », et l’autre pour les « actions » que nous appelerons ici les « moyens ». Le cerveau donne une valeur aux finalités, et une aux moyens. Ces valeurs font opter pour la décision. « Une étude en neuroéconomie menée à l'Institut et hôpital neurologiques de l'Université McGill, montre que le cerveau emploie deux régions et deux processus distincts pour évaluer d'un côté les "biens" (comme les arbres fruitiers) et de l'autre côté les "actions" (les trajectoires de vol par exemple), nécessaires pour les obtenir. Les conclusions de ces travaux ont été publiées dans Journal of Neuroscience. […] Comme l'explique Lesley Fellows, auteur principal de l'étude, ce travail "cherchait à comprendre comment le cerveau utilise de l'information sur la valeur pour prendre des décisions entre différentes actions et entre différents objets". Mais, surprise, la conclusion est qu'en fait ces deux mécanismes de choix sont indépendants l'un de l'autre. "Ce sont des processus distincts dans le cerveau par lesquels l'information sur la valeur guide les décisions, selon que le choix porte sur des objets ou sur des actions" souligne le docteur Fellows. » Source : Newsletter RTFlash n°626 du 01/12/2011 De nouvelles recherches en neurologie éclairent le processus décisionnel, Lesley Fellows, auteur principal de l'étude.

[15] Anne Ancelin-Schützenberger, Aïe mes aïeux, page 62, Desclée de Brouwer/La Méridienne, 1993, 15ème édition.

[16] Sur les fourmis, Cf. Robert Tocquet, Meilleurs que les hommes, page 25 et suite, 1970, éditions J’ai lu.

[17] Robert Tocquet, Meilleurs que les hommes, page 110, 1970, éditions J’ai lu.  Et, autre source, « L'apprentissage du chant des oiseaux induit également des modifications structurelles dans le cortex dédié à cette tâche, le centre vocal, telles que la formation de nouvelles synapses (Nordeen et al. 1997). Il est intéressant de voir que le nombre de synapses générées est proportionnel à la complexité de l'apprentissage du chant (Airey et al. 2000), que l'apprentissage se fait, comme chez l'homme pour le langage, plus facilement durant une période postnatale critique, qu'il est limité et que les capacités d'apprendre un nouveau chant ou un nouveau langage sont inhibées par des hormones de la puberté (Doupe et al. 1999). », www.unige.ch/cyberdocuments/theses2000/ToniN/these_body.html.

[18] Le castor d’Europe ne dispose plus d’espace suffisant et a peu à peu perdu son instinct de construction. Robert Tocquet, Meilleurs que les hommes, page 138, 1970, éditions J’ai lu.

[20] Jacques Maritain étend la notion de cogitative aux animaux. Elle était réservée par les scolastiques à l’homme, pour les animaux il était question d’une « estimative ». Jacques Maritain , Approches sans entraves, A propos de l’instinct animal, page 165, Fayard 1973.

[21] Observation de l’auteur lors d’une démonstration de rapaces à la « Volerie des aigles » dans les Vosges (Haut-Rhin).

[22] Jacques Vauclair, L’Intelligence animale, page 38, Editions du Seuil 1995.

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